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Emmanuel Le Roy Ladurie et le climat, de l'An Mil à l'An Deux Mille Vingt!

L'historien Emmanuel Le Roy Ladurie est un spécialiste de l'histoire du climat; il a écrit sur le sujet deux ouvrages majeurs qui remettent les pendules à l'heure!

Il est important de rappeler cette exigence de science, à l'heure où le GIEC se permet de nous resservir sa mensongère et idéologique courbe en forme de canne de hockey, qui passe sous silence l'Optimum médiéval et le Petit âge glaciaire, rien de moins!

Emmanuel Le Roy Ladurie (ELRL) a publié un premier magnum opus, l’Histoire du climat depuis l’An Mil, Paris, Flammarion, 1967 (HCAM, rééd. Flammarion, coll. "Champs", 2 vol., 2003), qui ne fut initialement qu'une thèse additionnelle à sa thèse principale, Les Paysans du Languedoc, Paris, SEVPEN, 1966. Selon ses affirmations, les siècles où les compétences propres des historiens sont les plus utiles à la connaissance du climat sont les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles (HCAM, vol. 1, p. 10), alors que, pour les périodes récentes, il fait confiance aux « climatologistes » (Idem, pp. 26-29). Mais cela ne l'empêche pas de remonter plus loin, et de descendre plus bas, dans le temps, au besoin. Or, en quarante ans, il va évoluer et modifier son cahier des charges. En acceptant, dans un ouvrage récent, d'élargir considérablement les compétences de l'historien, jusqu'au Haut Moyen Age dans un sens, et jusqu'à "nos jours" dans l'autre!

Dans son HCAM, ouvrage résolument novateur et intelligent exemple de «Nouvelle Histoire » selon l’école des Annales, l’auteur met en œuvre une histoire sérielle (dendrochronologie, dates des vendanges), axée sur le temps long, histoire presque immobile, aux fluctuations quasi imperceptibles, basée et sur l’inversion du sujet d’étude, le climat et non l’homme, comme la Méditerranée et non Philippe II pour Braudel. A l'instar de ce dernier, ELRL adopte une approche originale du temps historique, dont l’étalon chronologique est le cycle climatique de dizaines et de centaines d’années.

En allant plus loin que ELRL, on pourrait déceler des cycles de milliers, voire de dizaines de milliers d’années. Dans cette optique, on peut dire que le réchauffement actuel a commencé en moins 12000, à la fin du dernier âge glaciaire; ça, c'est le temps très long, presque immobile, indifférent aux fluctuations courtes, mais on sort ici du cadre d’étude d’ELRL!

Avec son opus majus, l’Histoire humaine et comparée du climat, en trois tomes (2004-2009) (HHCC), surtout le tome 3, Le réchauffement de 1860 à nos jours, ELRL enrichit l'approche de son premier ouvrage par une fine étude chronologique, année après année, qui nous donne les détails de l'histoire récente du climat. Il prend ici le meilleur de l'histoire classique, en nous donnant une histoire du temps court, voire très court, mais sans oublier le temps long, revendiqué, et les nappes chronologiques de la Nouvelle Histoire !

ELRL complète donc sa première démarche avec une histoire événementielle du climat, d'un grand intérêt, dans laquelle les aléas du temps, froid ou chaud, son mis en relation non seulement avec les dates des vendanges, mais aussi avec les crus eux-mêmes. On aborde notamment l'influence du climat sur les qualités respectives des millésimes bordelais, en compagnie de Robert Parker, excusez du peu !

Je donnerai un exemple précis. ELRL qualifie carrément les chaleurs estivales de l’année 1911 de « canicule tueuse » (HHCC, Tome 3, P. 98). Il ajoute « comme 1859 » (Ibidem). Ainsi, l’année 1911, avec ses 20,8° de moyenne sur les mois de juillet, août et septembre, mesurés sur les 30 stations de l’Hexagone, tutoie 1947 (20,9°), bat 1976 (20,3°) et est battue seulement par 2003 (22,6°) (Idem, p. 99). Comme quoi, on n’a pas attendu le XXIème siècle pour avoir très chaud, ce qui permet de fortement relativiser, voire d'annihiler, les théories actuelles sur le réchauffement dit anthropique !

Un autre exemple, c'est les glaciers. On nous présente systématiquement leur fonte actuelle comme étant exceptionnelle et, dans des envolées autant lyriques que catastrophistes, les réchauffistes rivalisent d'imagination pour peindre un tableau le plus noir possible de ce que cette fonte présagerait! Or, la lecture d'ELRL invalide cette thèse excessive, par le constat que les glaciers n'ont cessé d'avancer et de se retirer (HCAM, vol. 1, pp. 157 et ss.)! Car ils ont déjà été bien plus reculés qu'aujourd'hui, et sans émissions de CO2 anthropique, mais ça, vous ne le trouverez pas dans les études et publications d'obédience giécienne!

Trace indélébile dans le sol du recul et de l'avancée des glaciers, la tourbière de Fernau donne des preuve scientifiques de l'existence de la Période chaude, ou Petit optimum médiéval (750-1200) et du Petit âge glaciaire (1500-1850) (HCAM, vol. 2, pp. 27-33). Et ce n'est pas tout! Grâce à Fernau, on peut reconstruire les reculs et les avancées des glaciers jusqu'en 1400 avant J.-C.! "Au contraire, au cours des deux derniers millénaires (de notre ère), la tourbière de Bunte Moor est atteinte beaucoup moins longtemps par les glaces terminales du glacier de Fernau : les intervalles chauds ou doux, de retrait, l'emportent nettement, en durée, sur les intervalles frais, d'avance" (HCAM, vol. 2, pp. 28-29). Confirmation imparable que notre réchauffement actuel n'est pas unique, mais qu'il s'inscrit dans une succession millénaire de réchauffements et de refroidissements!

Alors, lisons ces deux magnifiques ouvrages scientifiques, pleins de données de premier ordre qui sont loin de confirmer les affirmations du GIEC, et laissons la polémique climatique aux idéologues et autres folliculaires!

Jacques Davier (Août 2021-Mars 2022)

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