Dernières nouvelles de l'îlot
Ceci est le premier billet d'une série qui se veut parfaitement irrégulière, totalement personnelle, absolument subjective et définitivement dépendante de l'humeur de mézigue!
Nous vivons en Suisse dans un îlot. Il se distingue des pays environnants par son degré très élevé de démocratie. C'est à vrai dire une démocratie exemplaire. Nous avons l'initiative populaire et le referendum, deux instruments merveilleux qui permettent aux citoyens à la fois d'imposer des lois ou articles constitutionnels à la classe politique, et de modifier ou refuser les lois et articles constitutionnels édictés par cette classe, dans ses Parlements!
C'est une vraie opposition du Peuple aux élites, et cela n'existe nulle part ailleurs dans le monde. Certes, il y a depuis belle lurette des tentatives desdites élites d'amoindrir ce qu'on appelle les "droits populaires", soit en augmentant le nombre de signatures nécessaires, soit en mettant sur pied tout un système dit "d'invalidation". L'invalidation est censée sanctionner une initiative qui ne serait pas conforme au fameux "droit supérieur", ou à d'autres critères, et ainsi empêcher le peuple de se prononcer sur elle en la déclarant nulle et non avenue! C'est de la pure censure!
Cela vient de se passer en 2023 à Genève, par exemple, au sujet de pas moins de six initiatives ayant toutes dûment récolté le nombre requis de signatures. Le Conseil d'Etat les a invalidées en raison de problèmes, selon lui, liés soit à l'unité de genre (?), soit l'unité de matière (?), soit à la conformité au droit supérieur. Ou encore à une fumeuse exigence de clarté du texte et d'exécutabilité! Bigre! Cela en fait, des obstacles pour nos pauvres initiatives!
Disons-le tout net, cela est inadmissible! Lorsque le Peuple s'exprime, l'Etat n'a pas à le censurer. Il doit au contraire prendre bonne note de ses choix, et les mettre en application. Point barre! Ce n'est certes pas à des élus ou à des fonctionnaires de se prononcer, pour prendre un exemple, sur la "clarté" d'une initiative, mais bien au électeurs d'en juger, et seulement eux! Si le texte n'est pas clair, il ne sera simplement pas voté. Le Peuple est le Souverain, c'est lui qui décide! Idem pour la "conformité au droit supérieur". Si le Peuple estime qu'une initiative est valable, il la vote, droit supérieur ou non, et les autorités en prennent acte, et elles appliquent le texte! Si un quelconque droit supérieur devait se sentir lésé, il se manifestera, et le Peuple lui répondra, par une autre initiative ou par referendum, soit en modifiant le texte, soit en le maintenant et éventuellement en mettant un terme à l'existence de ce droit supérieur, c'est-à-dire en cassant la traité concerné! C'est ça, la Démocratie directe!
Pour Genève, il est urgentissime de retirer au Conseil d'Etat son droit d'invalidation, qui est, on l'aura compris, une pouvoir de censure antidémocratique, autoritaire, tyrannique, qui permet à ce corps, de manière inouïe et exorbitante, de se substituer au Peuple souverain!
Jacques Davier (Novembre 2023)