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Piachaud "fasciste"?

On veut s'en prendre au buste de René-Louis Piachaud, à la rue Toepffer, quelle honte! Des voix clament qu'il serait fasciste, mais personne n'en apporte la preuve!

Gloire à Genève! Vous n'avez que l’écrivain et poète et, au fond, pas si fasciste que ça, en tout cas rien à voir avec Brasillach ni avec l’antisémite Céline, René-Louis Piachaud à vous mettre sous la dent, déboulonneurs, ce que je considère être un honneur pour mon Canton et ma Patrie!

Le Dictionnaire historique de la Suisse le qualifie juste de « peu méfiant devant le fascisme et le franquisme », un rien. Féru de littérature anglaise, il reçoit le Prix Edgar Allan Poe (1933); et il est également fait chevalier de la Légion d'honneur (1935). Vous n’êtes pas d’accord, déboulonneurs, c’est un authentique fasciste que l’on ne peut que honnir ?

Eh bien, allez-donc dépouiller tout son œuvre, ou, mieux encore, son fonds d’archives à la Bibliothèque de Genève afin de prouver vos dires ! C’est sûr, cinq mètres linéaires de documents, c’est du boulot, et c’est pour ça que vous préférerez répéter des légendes gauchos, colportées notamment par un Jacques Chessex dont on connaît la rigueur, comme des parrots, n’est-ce pas ?

Encore deux choses amusantes! La première, c'est l'accusation faite à Piachaud, en 1934, d'avoir donné une traduction "fasciste" du Coriolan de Shakespeare (publiée à Paris, chez Calman-Lévy, en 1933). Cela s'est, bien sûr, terminé en queue de poisson, Piachaud ayant brillamment démontré que sa traduction ne devait rien au fascisme!

L'autre, c'est le projet nourri par des féministes genevoises, de donner le nom de Julienne Piachaud, née Mayras, fonctionnaire cadre à la SDN, à une rue genevoise. Or, Julienne Piachaud était l'épouse de René-Louis, de 1923 à la mort de celui-ci en 1941! S'il avait été un horrible fasciste, serait-elle restée avec lui vingt ans, cette féministe militante? On sait que l'amour rend aveugle, mais tout de même!

Piachaud a été proche de Géo Oltramare, certes, et il a collaboré au journal de celui-ci, Le Pilori (pour quatre articles, dix poèmes et deux mots-croisés!), même si les deux amis finiront par se brouiller. Mais cela n'en fait pas un fasciste pour autant, et si quelque chose de fasciste devait affleurer dans son œuvre, considérable, ses déboulonneurs n'en font du moins jamais mention. Il est l'un de nos grands écrivains genevois, et sa rue est bien méritée, en tous les cas!

Petit addendum concernant la rue. L'idée est de débaptiser la rue René-Louis-Piachaud, du nom de l'époux, pour la rebaptiser rue Julienne-Christine-Piachaud, du nom de l'épouse, créant ainsi une sorte d'étrange conflit matrimonial post mortem! Le pouvoir de décision est entre les mains du Canton.

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