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Trop, c'est trop!

A quoi sert un musée? Lorsque le Musée d'art et d'histoire a été conçu au début du XXème siècle, il était clair pour tout le monde que sa finalité devait être l'instruction et l'élévation artistique et culturelle de la population genevoise. Pas mal, comme ambition! Voir des œuvres, les admirer, les dédaigner, les étudier, dans une salle dédiée, après tout, c'est un privilège ! Et de nos jours ? Au début des années 1980, collégien, j'"utilisais" le Musée peu ou prou de la manière dont il avait été conçu et je ne m'en suis pas si mal porté, je l'avoue!

Fatigué de mes camarades, du bruit et de l’agitation ambiante, je m’échappais parfois du collège entre midi et deux, pour aller au Musée d’art et d’histoire me reposer, me recueillir et rêver devant des tableaux romantiques, comme l’imposant "Orage à la Handeck" d’Alexandre Calame ou le "Chêne et le roseau" de François Diday, par temps d’orage lui-aussi, œuvres aptes, dans le calme et le silence les plus complets, à exacerber mon propre romantisme ainsi que mon âme survoltée d'adolescent ! Parfois, j'emportais mon Rimbaud ou un Verlaine, et je lisais, assis sur un banc dans une salle du musée, où ne résonnaient que quelques pas de temps à autre et où les visiteurs avaient la décence de chuchoter. Quel délice! Voilà à quoi sert un musée, fondamentalement.

Actuellement, tout cela doit sembler quelque peu vieillot et par trop élitiste aux âmes "modernistes" qui s'étranglent rien qu'à l'évocation d'une quelconque notion traditionnelle d'art et d'instruction ! D'accord, admettons qu'un musée puisse également servir de cadre à un spectacle de danse, par exemple, ou à un concert de musique de chambre, voire de rock, ou à une conférence d'histoire de l'art, ou à toute autre activité pourvu qu’elle reste artistique. Cela se fait, et généralement avec de bons résultats. On peut également envisager des activités amusantes et ludiques, pour les enfants et, pourquoi pas, les adultes. Mais on doit rester dans un cadre culturel.

Alors, de grâce, n'exagérons pas avec le contre-emploi et la transgression, parce qu'en la matière, le pire est toujours à craindre. Et qu’on nous épargne les trouvailles improbables des as de la "médiation culturelle" et des hurluberlus de la "communication". Trouvailles qui sont à la mode ces temps-ci, telles que le musée imaginé comme un lieu de vie et de fête, voué à être "ressenti autrement" (surtout pas d'art ni de culture), le musée transformé en forum ouvert aux questions sociales (elles ne manquent pas, mais les œuvres non plus), en tribune visant à permettre aux publics et communautés dits "empêchés" (on voit bien qui c'est, inclusion, inclusion, quand tu nous tiens) de s'exprimer... Stop, assez ! Il y a les Maisons de quartier, notamment, pour ces usages et problématiques. Parce qu'un musée, après un tel traitement, sera-t-il encore un musée? On en regretterait presque le temps des désormais classiques afterworks! Non, décidément, trop, c’est trop !

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