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Les poèmes de la Lune Rouge (XX)

Travail en cours. La numérotation du chapitre est provisoire.

 

XXXVIIII

Oona était triste, abattue, désespérée. Elle souffrait d'avoir quitté Jacob, mais elle restait persuadée que cette rupture était nécessaire. Elle espérait que ce choc sortirait Jacob de la léthargie dans laquelle il se complaisait, qu'il le ferait réagir, bouger, et l'écouter vraiment, non d'un chien! Car elle avait à de nombreuses reprises tenté de lui parler, de lui expliquer ce qui n'allait pas dans leur couple! Elle était insatisfaite, quelque chose manquait, quelque chose ressemblant à un projet commun plus ambitieux! Elle lui reprochait de ne pas vouloir s'engager.

Depuis trois ans maintenant qu'ils sortaient ensemble, ils vivaient encore chacun dans son appartement, même si Jacob était toujours fourré chez elle. Elle avait l'impression qu'il ne voulait pas aller au-delà d'un certain point, alors qu'elle, elle n'attendait que ça. Rien à faire, il n'écoutait pas, car il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre! Quand elle parlait de vivre vraiment ensemble, dans un appartement ou une maison à eux, quand elle le questionnait sur son désir d'enfants, il disait oui, oui, puis regardait ses pieds ou la fenêtre, et finissait par détourner la conversation. Elle en était verte de colère!

Lors d'un déjeuner chez elle, un samedi à midi, elle annonça à Jacob qu'elle le quittait! Elle lui expliqua les raisons de sa décision, insistant sur le fait que ce serait peut-être temporaire, mais qu'elle avait besoin de cette coupure. Leur couple tournait en rond, il n'allait nulle part, et elle ne voulait plus de cela. Avec cette séparation, ils pourraient réfléchir chacun de son côté à la situation, sereinement. Trouver des solutions pour réinventer, réinvestir leur relation. Et voir surtout s'ils s'aimaient et avaient toujours besoin l'un de l'autre. Elle ajouta que dorénavant il ne viendrait plus chez elle, ils ne sortiraient plus manger ensemble, ne se verraient plus chez leurs amis, ne se téléphoneraient plus. Il ne pourrait la recontacter que s'il avait quelque chose à lui dire sur leur couple, des propositions à lui faire, ayant réfléchi à la situation.

Jacob resta un instant bouche bée, puis bredouilla qu'il la comprenait, que lui aussi se posait des questions sur leur relation, mais là, il n'était pas tout à fait honnête, qu'une séparation provisoire serait certainement bénéfique, ce à quoi Oona répondit provisoire, peut-être, en insistant sur l'adverbe, et qu'il ferait ce qu'elle lui demandait. Il l'aimait, il ne voulait pas la perdre. Pendant un moment, il resta assis sur sa chaise, puis il se leva, prit ses quelques affaires, lui donna un baiser sur la joue, ce qu'elle accepta, et partit.

Oona l'entendit fermer la porte et descendre les escaliers. Elle s'assit au salon. Elle l'aimait, elle avait joué gros, mais elle avait besoin d'une vraie pause. Elle espérait ne pas s'être trompée. Des larmes coulaient sur ses joues, elle pleura un bon coup, puis se calma, se moucha et s'essuya les yeux. Elle avait surtout besoin de parler. Elle prit le téléphone et appela Adèle, sa meilleure amie.

Jacques Davier (Novembre 2020)

 

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