Apollinaire, poète cubiste
Alors que le cubisme est né en 1907 dans le domaine de la peinture, avec Pablo Picasso et George Braque, il s'est manifesté également dans la sculpture et la poésie. Le poète Max Jacob, qui est réputé avoir inventé le mot, écrivit les premiers poèmes cubistes.
Guillaume Apollinaire, ardent défenseur et partisan du cubisme, diffusa le terme par le biais de ses écrits de critique d'art (Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques,1913). Mais surtout, avec Max Jacob, il fut le principal poète cubiste! En effet, grand ami des artistes cubistes, c'est tout naturellement, presque organiquement, qu'il appliqua les préceptes, les idées et les méthodes de ce mouvement à la littérature.
Apollinaire a bel et bien fait de la poésie cubiste ! Dans le sens de larguer les amarres, de quitter le port de la versification classique – le vieux Boileau – et partir vers de nouveaux territoires, mais aussi dans le sens plus précis de traduire le cubisme, à l’origine pictural, en littérature, comme le montrent amplement ses calligrammes ! Des « mots en liberté » (Marinetti) qui sortent du poème et de la syntaxe et se dispersent sur la page ! Les écrits ne sont pas forcément linéaires, ils peuvent être aussi déstructurés que la peinture ! Et en musique, le jazz et ses improvisations, suivis trente ans plus tard par le rock, ne sont pas loin !
Par exemple, « Lettre-Océan » (Calligrammes, Paris, Gallimard, coll. Poésie, 1925, 1966, pp. 43-45) ou « Visée » (Idem, p. 86, voir ci-dessous) peuvent être lus littéralement dans tous les sens ! De toute manière, au-delà des poèmes-dessins, reste une poésie belle et grandiose, lisez « Les saisons » (Idem, pp. 104-105). Le mot de la fin revient au maître qui écrit, dans « Il pleut », « écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas »… (Idem, p. 64, voir ci-dessous). A comprendre au sens littéral de liens dont on se libère!