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Les communes, oui, les villes, non!

Le 2 juin 2020, les exécutifs et délibératifs communaux genevois élus ce printemps sont entrés en fonction. C'est l'occasion, il me semble, de poser quelques questions.

Ces derniers temps, on a vu fleurir par-ci, par-là, des discours qui consistent à opposer les communes urbaines (que certains confondent avec les "villes" d'antique histoire) aux communes rurales, en déplorant le fait que le poids politique des secondes serait disproportionné par rapport au poids politique des premières. Évidemment, ce sont des jeux de pouvoir qui se cachent la-derrière!

La commune politique est, depuis 1798, une institution de base, de proximité; elle est le lieu d'apprentissage politique du citoyen, et elle est tout aussi importante à Genève qu'à Dardagny. Il n'y a donc strictement aucune raison de faire une différence entre les communes "urbaines" et les communes "rurales". C'est un principe démocratique fondamental, donc intouchable.

En conséquence, les regroupements et autres fédérations de villes, excluant les communes rurales qu'ils visent à court-circuiter, comme on en a hélas un exemple à Genève, où certaines "villes" ont créé leur "union", sorte de club select, à côté de l'Association des communes genevoises, n'ont aucune raison d'être. En effet, la constitution genevoise ne reconnaît que les communes et le canton, et non les villes!

Pour que l'équilibre politique helvétique, très délicat, ne soit pas compromis, il est essentiel que toutes les communes aient la même importance, le même poids politique, en ville comme à la campagne. Et, de par la loi, elles l'ont, alors ne venons pas modifier une situation tout à fait satisfaisante, parce qu'on considérerait, à tort, que les villes seraient plus "importantes" que les villages ruraux!

Certains imaginent mal que Genève soit, institutionnellement, mise sur le même pied que Russin, et pourtant c'est le cas, toutes deux sont des communes, avec exactement les mêmes attributions légales! C'est le même souci d'équilibre qui fait que les cantons ont, au Conseil des Etats, le même nombre de députés, quelle que soit leur population.

Cette volonté de différenciation est à vrai dire une posture inégalitaire d'Ancien Régime, la même qui a voulu que la Ville de Genève ne reste pas une commune égale aux autres lors de la Restauration en 1814, comme c'était le cas sous le Régime français, car on ne saurait mêler la noblesse aux gueux, et qui fut à l'origine de la Révolution radicale de 1841.

Mais il y a plus! Puisqu'on parle de villes, je terminerai avec ceci. Considérer que Lancy, Meyrin ou Vernier, pour ne pas parler de Bernex, sont des "villes", me semble être clairement abusif. Cela est dû, certes, à cette définition statistique qui fixe la barre à dix mille habitants. Mais ce critère numérique, totalement arbitraire et qui n'a pas force de loi, n'est de loin pas suffisant.

Non. Pour qu'on ait à faire à une vraie ville, il faudrait, notamment, que cette ville soit le centre géographique, économique, administratif, voire culturel, d'une région, que la ville soit économiquement attractive pour une population plus large que la sienne, ou encore que la ville ait de longue date une histoire de ville, justement, comme Genève, Carouge ou Versoix, qui sont les seules authentiques villes, ou anciennes villes, du canton!

C'est pourquoi nous dirons, pour conclure, les communes, oui, les villes, non!

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