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Les Poèmes de la Lune Rouge (X)

Travail en cours. La numérotation du chapitre est provisoire.

IX

Après avoir posé son vélo à l'endroit habituel et l'avoir cadenassé, Jacob entra dans le bâtiment de l'Instruction populaire. Il monta les marches quatre à quatre, entra dans les locaux de son service, salua sa collègue, posa son sac à dos par terre et s'assit à son bureau. Il travaillait pour le Service "de propagande", comme il l'appelait, le nom officiel étant bien sûr "d'information", ce qui le motivait moyennement, mais il devait admettre que son travail avait des côtés fort intéressants, quoiqu'il pût en dire lors des moments de déprime! Et il y avait la paye, qui n'était pas négligeable! Avec lui, c'était un jour le verre à moitié vide, et l'autre le verre à moitié plein.

Le dossier important de l'été, la priorité absolue comme ne se lassait pas de le répéter son chef, par ailleurs élu des Verts, c'était celui du réchauffement climatique anthropique, c'est-à-dire causé par l'homme, ce qui, selon Jacob, était une méga fake news ou, pour le dire en français, une monstrueuse arnaque! Mais il n'en demeurait pas moins qu'il devait obéir et que son job consistait à faire en sorte que les écoles disposassent, à la rentrée, de suffisamment de documentation pour permettre au corps enseignant d'endoctriner les enfants et de leur inculquer cette théorie officielle comme on gave des oies.

Jacob, qui savait écrire, avait très bien exécuté sa tâche, et avait même livré en avance le dossier contenant les textes de propagande auxquels il ne croyait pas, mais dont il était, hélas, l'auteur! Schizophrénie! Devait-il démissionner, se demanda-t-il? L'avis, qu'il ne pouvait imaginer que sensé, de Oona lui manquait, constata-t-il. Pour sa part, en l'état, il se dit qu'il valait mieux rester. Ainsi, il occupait la place, et c'était toujours ça de pris sur l'ennemi!

Ayant quelques heures à tuer, il continua sa lecture de l'Histoire du climat depuis l'An Mil, d'Emmanuel Le Roy Ladurie, qui démontrait sans aucun doute possible que durant le Haut Moyen Age, à peu près de l'an 800 à l'an 1300, il avait fait au moins aussi chaud, et probablement plus, qu'à la fin du XXème siècle. Et pas seulement en Europe, puisque le sud du Groenland fut colonisé par les Vikings vers les année 980 et suivantes, l'île étant suffisamment verte pour être habitable et surtout permettre les cultures, comme le prouve notamment la ferme d'Erik le Rouge! Ainsi, lorsque ce dernier parle de pays vert, cela est à prendre au pied de la lettre, et non comme une vulgaire tentative de manipulation de sa part, un mensonge qu'il aurait proféré pour attirer les colons, ce qu'affirme à tort la propagande "réchauffiste"! Par ailleurs, la plupart des glaciers européens étaient plus reculés en 1200 que de nos jours. Il a vraiment existé un POM (Petit optimum médiéval)i! L'ouvrage de ce spécialiste méconnu de l'histoire du climat regorge d'exemples. Pom, pom, pom, pom!

Jacob laissa son esprit divaguer, se voyant affirmer sans honte aucune que les photos satellite de l'époque montraient fort bien que le sud du Groenland était vert comme les prés! Ce à quoi il ajouterait que c'était également le cas pour les nombreuses images publiées dans le Scandinavian GeograVik, la revue nationale viking qui s’efforçait vers l'An Mil de proposer à ces fiers et hardis aventuriers des buts d'expéditions lointaines!

Il riait sous cape de l'histoire de la crosse de hockey d'Al Gore, graphe effaçant, pour la nier, l'existence du POM dans le seul but de prouver, fallacieusement, que le réchauffement actuel était du jamais vu, de l'exceptionnel! L'Eglise elle-même, à savoir le GIEC, dut se résoudre à retirer ce graphe de ses publications, la mort dans l'âme. Mais les mensonges, au moins par omission, ou les demi-vérités, fusaient de tous les milieux réchauffistes. Bref, il avait du pain sur la planche...

Il en était là de ses réflexions, lorsqu'il reçut un coup de fil. Il décrocha le combiné.

- Allô? Ici Jacob.

- Hello! C'est Oona! Tu es là, mon chéri! Je te dérange?

- Non, pas du tout. Heureux de t'entendre! Je t'attendais, depuis... Oh! Si heureux, ma chérie!

- Oui, tu me manques aussi, mais tout cela est compliqué! Est-ce qu'on peut se voir? Ce soir?

- Oui, bien sûr! Où, à quelle heure? Pour toi, je suis toujours libre! Il voulut ajouter Place des Grands Hommes? mais il se retint.

- Disons, j'ai hâte aussi! à sept heures au Lone Spaghetto? Je sais, c'est pas très romantique, mais c'est pratique!

- Oui, c'est parfait! Je me réjouis! Mon Oona, te revoilà!

- Je me réjouis aussi, mon Jacob! A toute! Gros baiser... il me tarde!

- Moi aussi! A toute, Oona! Gros baiser (un ton en dessous) baveux!

Elle raccrocha. Mon Jacob! Il était aux anges! Oona avait appelé! Pour un peu, il aurait sauté au plafond! Joie! Bonheur! Que voulait-elle? Sa pomme, comme dans la chanson de Bruel? Même si, évidemment, l'attente n'avait pas duré dix ans! Il se garderait néanmoins de lui faire cette allusion! Sa collègue souriait.

Jacques Davier (Août 2020)

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