Le Renégat
Poème "politique", écrit par un citoyen qui veut croire encore en ses élus, même si c'est difficile...
Violent de nature, j'ai fait de la politique au canif
J'ai brocardé, sali, injurié, couvert de haine et de suie
Nombre d'adversaires et d'amis, j'étais une ordure avérée
La politique m'a pris quand j'étais jeune, idéaliste et naïf
Je croyais pouvoir changer le monde, mais je ne me suis
Même pas changé moi-même, qu'il est dur de persévérer!
Il est un seul poème que je lirai sur mon lit de mort
C'est d'Arthur Rimbaud le Voyant, l'Age d'Or
Je ne lis plus, maintenant, car je ne crois plus les poètes
Ils mentent comme ils volent, ils m'ont déjà volé ma vie
Je ne leur donnerai pas ma mort, non, je veux garder ma mort
Mes compagnons m'ont tant déçu, ils sont si rudes, si bêtes
La politique actuelle n'est plus l'espoir d'un meilleur avenir
Moi, je veux quitter l'arène, partir au loin, changer mon sort
Il est une seule chanson dont je serai l'émissaire
C'est de Georges Brassens l'Auvergnat, Histoire de Faussaire
Il est temps d'ouvrir les yeux, de s'intéresser aux autres, au monde
On ne peut plus être égoïste, petitement recroquevillé sur sa bourse
Comme le sont tous mes anciens amis, qui haïssent et jalousent
Oh, mon Dieu, redonne-moi l'amour de mon prochain, et cette chanson
Dont je ne puis me souvenir, mais que j'écoutais quand j'étais bon
Car je l'ai été, aurtant qu'on puisse l'être, je crois, avant l'argent
Avant les honneurs, oui, et j'aimais tout de la vie, et tout des gens
Dieu que j'ai mal, que je m'illusionne, jamais je ne partirai
Non, il est trop tard, j'ai toujours pris et ne sais plus donner
J'ai tellement de fortune et si peu d'espoir, je suis piégé
Il est pourtant un livre que je vais relire, qui sera mon seul tête-à-tête
Ma seule nourriture désormais, c'est de Khalil Gibran Le Prophète
Puis, lorsque j'aurai tout abandonné, me reviendra cette chanson idéale
Qui parle d'un pauvre type sans le sou, mais riche de l'argent des étoiles
Et de l'or du soleil levant...
Jacques Davier