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UN MANOIR AU PURGATOIRE, OU LA DIFFICILE RESTAURATION DU CHATEAU DE DARDAGNY (2ème Partie)

2. La vie au village (fin XIXe-début XXe)

 

 

C’est ta rue Saint-Paul

Celle où tu es né,

Un matin de Mai

A la marée haute,

(…)

C’est ta rue Saint-Paul

Blanche comme un pôle,

Et dont tu fus l’hôte

Pendant des années

(Max Elskamp, La Chanson de la rue Saint-Paul)

 

 

C’était, à Anvers comme à Genève, le temps des sédentaires, de ceux qui bougeaient peu, qui n’allaient guère loin, le temps d’avant les avions, à peine celui des trains. Voici comment Georges Verdène présente Dardagny, dans le chapitre intitulé « Le nid sur la colline » de ses Symphonies rustiques : « Dardagny, perché sur un plateau qui domine le Rhône de haut, est un gros village cossu. Il a un vrai château. Quatre tours carrées, coiffées en éteignoirs, autour d’une carcasse de pierre, dans un fouillis de verdure et de lierre. C’est la gloire du Mandement ».

En 1900, la commune de Dardagny compte 781 habitants ; elle est essentiellement agricole, mais un pôle industriel, notamment dans les domaines électrique et chimique, se développe à La Plaine depuis l’ouverture de la ligne de chemin de fer du PLM en 1858.

L’évolution démographique de la commune peut se lire dans celle de ses écoles. Si, traditionnellement, l’école fut au XIXe siècle toujours située dans le chef-lieu, dès 1879 le besoin se fit sentir d’ouvrir à La Plaine une école enfantine, ainsi qu’une classe d’école primaire en 1901. En outre ce village, depuis 1874, avait déjà accueilli l’une des douze écoles secondaires rurales du canton. Par ailleurs, l’Etat radical ne se souciait pas seulement d’éduquer la jeunesse. Les adultes, pour être des citoyens responsables, devaient aussi avoir leur part d’instruction. C’est ainsi qu’en 1861, la commune ouvrit une bibliothèque communale, dont le règlement stipulait que « le but de la bibliothèque [était] de faire circuler dans les familles de la commune de bons ouvrages propres à instruire et à moraliser ».

Un autre aspect de la vie dardagnienne de cette fin de XIXe siècle qu’il importe de relever, est celui de la vie confessionnelle. Commune de l’« ancien territoire » (territoire qui était genevois avant la Révolution), Dardagny a toujours été à majorité protestante. Or, cela changera en 1880, année à partir de laquelle la population catholique prend le dessus. Les fidèles de la religion romaine sont essentiellement des ouvriers, des domestiques, de petits agriculteurs ou encore des employés de la compagnie de chemin de fer du PLM. Cette situation, ajoutée à un désir d’effacer, dans tout le canton, les plaies laissées par le tragique Kulturkampf , qui s’est manifesté à Genève à travers la persécution du radical Antoine Carteret envers les « ultramontains » dans les années 1870, amènera à la création de la paroisse catholique de Dardagny-Russin en 1889.

Sur un autre plan, enfin, Dardagny allait profiter assez rapidement de quelques inventions importantes de la modernité. Le télégraphe fut installé à La Plaine dès 1869, et à Dardagny-village onze ans plus tard. Quant au téléphone, c’est entre 1895 et 1897 que quatre bureaux furent ouverts à Dardagny, La Plaine, Malval et Essertines. L’éclairage nocturne fut d’abord l’affaire de huit « fallots » (becs de gaz) installés dans la commune en 1877, puis celle de réverbères électriques qui apparurent à La Plaine dès 1895, à Dardagny en 1912 et, progressivement, dans les autres hameaux de la commune.

(A suivre)

Jacques Davier

NB : la bibliographie figure dans la dernière partie

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