Les résistants du rock! (Les Perles du rock, 27)
Traces de rouge à lèvre sur les mégots de cigarettes. Une histoire secrète du rock!
Les années 1990, c'était le nadir du rock! Oh, il y avait certes quelques pointures qui résistaient, comme Nirvana, Neil Youg and Crazy Horse, Guns'n'Roses, Alanis Morissette, Paul McCartney ou encore U2, mais, dans l'ensemble, la musique pop était tombée sous le joug, soit de l'infâme techno, soit de musiciens aussi fugaces qu'ineptes et médiocres! Le rock de la grande époque, à savoir les années 1960 et le début des années 1970, était presque oublié du grand public! Le jeunisme, hélas trop souvent associé au rock, avait jeté au rebut les vénérables ancêtres! Souvenez-vous, lorsque les Beatles se sont reformés pour quelques chansons en 1994, ils ont aussitôt été voués aux gémonies, au point que certaines radios ont proclamé qu'elles refusaient, par principe, de diffuser ces nouveaux morceaux! Révolte d'ados boutonneux de trente ou quarante ans? Pulsions freudiennes les poussant à tuer le père?
Peu importe! Le rock est toujours là, et la techno est morte et enterrée! Je tiens ici à rendre hommage aux "résistants" qui ont, au cours de ces années, entretenu la flamme! Notamment ces maisons de disques indépendantes spécialisées dans les rééditions d'anciennes stars oubliées et, surtout, supprimées des catalogues des "majors"! Comme le label allemand Repertoire Records, qui joua un rôle fondamental, au début des années 1990, dans la réhabilitation des Small Faces, groupe phare du Swinging London! Groupe dont se réclamaient, par exemple, Oasis ou Ocean Colour Scene!
J'écoute en ce moment le CD Small Faces : 25 Greatest Hits, publié par Repertoire en 1992 et qui donna le coup d'envoi aux rééditions des disques de ce groupe, qui seraient de plus en plus nombreuses au cours des années suivantes! Au point qu'une des maisons historiques des Small Faces, Decca, s'y mit elle aussi, et republia au format CD les galettes originales, assorties de nombreux "bonus tracks", pour la joie du fan de base que j'étais devenu! Notons au passage que 25 Greatest Hits reste, à ce jour, une des meilleures compilations du groupe!
Je me souviens avoir acheté ce CD dans un magasin de disques à Berne, et l'avoir écouté aussitôt de retour chez moi! Ma réaction immédiate fut l'extrême surprise! Comment a-t-on pu ignorer de tels génies pendant tant d'années? Pourquoi ne passaient-ils ni à la radio, ni à la télé? C'est à ce moment que je vis clairement à quel point la plupart des médias (sauf Rock&Folk, qui portait encore haut la bannière, Rolling Stone et Best, qui cesserait de paraître, hélas, quelques temps plus tard) ne visaient plus à promouvoir la bonne musique, si tant est qu'ils l'eussent jamais fait, mais ambitionnaient de diriger les goûts du public, en quelque sorte de l'endoctriner, de lui laver le cerveau, bref de le formater, pour lui fourguer, oh, joie du capital, un produit médiocre, seul apte à plaire au plus grand nombre! N'oublions pas non plus que le gauchisme, déjà très présent dans les médias, faisait son œuvre en condamnant le rock comme étant macho et fasciste!
Dès lors, je cessai peu à peu de m'intéresser à la presse et à la radio, pour aller me réfugier dans les petites échoppes de disques spécialisées dans le rock, où se retrouvaient les aficionados, les purs, les insoumis, les rebelles, pour discuter le bout de gras et se passer les bons tuyaux, certes, mais surtout pour maintenir la flamme vivace! Réunis dans un coin peu éclairé au fond du magasin, à l'écart des chalands lambda, nous avions, sous notre halo de fumée, l'air patibulaire des comploteurs! Bref, j'entrai en résistance! Et j'y suis toujours, d'ailleurs!
Pour conclure, un peu de musique! Les Small Faces enregistrèrent en 1968 leur meilleur disque, une vraie perle du psychédélisme anglais, Ogden's Nut Gone Flake!
En voici un extrait, Song Of A Baker, ainsi que Tin Soldier, un 45Tours de fin 1967, sur lequel le groupe est accompagné par la chanteuse P.P. Arnold (qui se charge du refrain et des chœurs), dans des versions live à la BBC et à l'ORTF, respectivement! Et, pour finir, Wham Bam Thank You Mam (le titre, mais non la chanson, est emprunté à Dean Martin, en manière de détournement situationniste!), la face B du dernier single, sorti en mars 1969 après la séparation du groupe!
Jacques Davier (Mai 2022)
Bonus track! P.P. Arnold livre une superbe version de To Love Somebody, des Bee Gees, à l'ORTF, en 1968!