Orient Express
A l'heure où tout Genève s'extasie devant le CEVA, qui n'est au fond qu'un ridicule tortillard de banlieue, pas même un RER, je parle, moi, du seul Vrai Train, qui n'est réel que dans le souvenir, le rêve et l'imaginaire! Ce train-là, avec T majuscule, est celui que je prends tous les jours... et qui m'emmène à travers des mondes et des paysages inouïs, des latitudes et des longitudes mystérieuses et inconnues!
Car ce n'est en tout cas pas un train Saint-Maurice-Annemasse (c'est un gag, au fait?) qui me fera rêver! Là, pour l'imaginaire, on repassera!
"Réel est éphémère, éternel est le Rêve", écrit le poète oulipien Olivier Salon, dans S'exercer. Et je suis son féal.
[Ce poème est une republication]
Partir dans un wagon bleu nuit
Se perdre aux sons de mille orients
Fuir les grisailles de l’ennui
Pour arpenter maints cieux riants
Quand siffle la locomotive
On sent les sauvages désirs
Violents de fulgurance vive
Maîtres des rages et des ires
Avec elle se mettre en branles
On réintègre son wagon
Que déjà des spasmes ébranlent
Alors on revoit le lagon
Au bord duquel on lut sa lettre
Laissant divaguer son mal-être...
Jacques Davier (Juin 2019)