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  • One for the road, in memory of Ronnie Lane (1946-1997)! (Les Perles du Rock, 27)

    Ronald Frederick "Ronnie" Lane naît juste après la Guerre, le 1er avril 1946, à Plaistow, un quartier populaire de Londres. Son père est camionneur, et sa mère, femme au foyer. A seize ans, il forme son premier groupe de rock, avant de se lancer, en 1964, dans l'aventure des Small Faces!

    Les Small Faces sont un des plus grands groupes de rock anglais! Entre 1965 et 1968, Ronnie et ses compères Steve Marriott, Kenney Jones et Ian McLagan, alignent les hits, dans un style de rock mâtiné de soul, de blues et de folk! Ces rockers se proclament "mods", comme leurs amis et rivaux les Who! C'est la grande époque de Carnaby Street! D’ailleurs, les Small Faces y jouent et s'y habillent!

    Ronnie Lane tient la basse, mais il joue aussi de la guitare et partage le chant lead avec Steve Marriott.

    Toutefois, en 1968, après le climax de leur dernier opus, Ogden's Nut Gone Flake, insatisfait, déçu du peu de ventes des derniers disques 45 Tours, un Marriott un brin déprimé quitte ses potes et s'en va former Humble Pie avec Peter Frampton. Nous somme début 1969, et les trois autres reconsidèrent leur avenir. Que diable peuvent-ils bien faire maintenant, se demandent-ils?

    Oublié l'éphémère Quiet Melon (si, si!), groupe piloté par Art Wood, le frère de Ronnie Wood, qui ne laisse qu'une poignée d'enregistrements, en automne 1969 Lane, Jones et McLagan s'adjoignent deux anciens du Jeff Beck Group, à savoir Ron Wood, rencontré dans l'aventure précédente, et un Rod Stewart à la recherche d'un nouveau groupe, bien que déjà lancé en parallèle dans une carrière solo!

    En 1970, les Small Faces grandissent d'un coup pour devenir les Faces! Très populaires en tant que groupe de scène, ils peinent cependant à percer dans les charts. Par ailleurs, le succès de la carrière parallèle de Rod Stewart, qui, lui, cartonne dans le hit-parade, vient quelque peu compliquer les choses!

    Il faut savoir qu'en tant qu'auteur-compositeur, Lane est un des principaux contributeurs des Faces! Ses compositions, plus folk et country que rock, intimistes, sensibles, intelligentes, constituent un des grands intérêts des albums du groupe! Or, cédant à la pression des fans de base, qui n'apprécient que la "good time music" et n'ont que faire de la nostalgie lanienne, les Faces cessent peu à peu d'interpréter en public les morceaux de Ronnie. Il en prend ombrage. En d'autre termes, les bas-de-plafond qui viennent à ses concerts pour s'éclater et se pochetronner à la bière, et qui dictent le répertoire, commencent gentiment à le gonfler!

    C'est ainsi qu'en 1973, peu après le quatrième album, un Ronnie Lane lassé de voir qu'il n' y en a plus que pour Rod Stewart, la star du groupe, dont selon lui les Faces ne sont que le simple faire-valoir, et marri du peu d'estime dans lequel le public tient ses chansons, quitte les Faces!

    Le groupe ne s'en remettra pas. Le coup de grâce sera donné deux ans et seulement deux 45 Tours plus tard, lorsque Ron Wood rejoindra les Rolling Stones!

    Lane, de son côté, s'éclate au sein de son nouveau groupe, Slim Chance! Il y joue une musique plus folk, plus country, très éloignée du boogie rock des Faces. Il fait des tournées en se produisant sous une tente, dans des shows entrecoupés de spectacles de jongleurs et autres artistes de cirque, le "Passing Show"! Il s'est retiré à la campagne, vivant une vie de fermier, exploitant un domaine agricole et élevant des moutons!

    Hélas, le succès initial de Slim Chance ne dura pas. Ronnie dut y aller de sa poche pour financer son spectacle, extrêmement dispendieux, qui n'attirait guère les foules. Par ailleurs, son exploitation agricole fit faillite. Criblé de dettes, Ronnie vendit son bétail et une bonne partie du domaine, sauf la ferme, et se replia à Londres, où il tenta de relancer sa carrière.

    Il se tourna vers son ami Pete Townshend, le leader des Who, qui lui proposa de faire un disque avec lui. Ce fut le 33 Tours Rough Mix, qui fut publié par le duo en 1977. Et, pour la première fois depuis longtemps, Ronnie Lane eut à nouveau la satisfaction de voir un de ses disques cartonner!

    Las! Comme s'il était poursuivi par la scoumoune, c'est cette fois la maladie qui frappe. Lors des enregistrements de Rough Mix, en 1976 et 1977, d'inquiétants signes laissent penser à une dégradation de sa santé. Et, en effet, quelques mois plus tard, Ronnie Lane est diagnostiqué d'une sclérose en plaques.

    Sa vie s'en trouve bien sûr bouleversée. La progression de la maladie est rapide. Au début des années 1980, Lane arrête progressivement les concerts, puis se met en retrait de la scène musicale. Sa priorité est désormais de se soigner. Après l'enregistrement d'un disque avec Steve Marriott, son ancien comparse des Small Faces, disque qui restera inédit pendant plus de dix ans, et quelques concerts avec le groupe formé pour l'occasion, on n'entend plus parler de Ronnie.

    En 1984, il va s'installer dans la ville d'Austin, au Texas, où il trouve des soins plus adaptés à son état. Là-bas, il arrive même à rejouer et à remonter sur scène, bien que devant la plupart du temps rester en chaise roulante. Il reforme son groupe Slim Chance avec des musiciens locaux, dont Alejandro Escovedo, des True Believers, le frère cadet de Coke Escovedo, un des percussionnistes de Santana! Il donne de nombreux concerts dans Austin et ses environs, et part même en tournée au Japon!

    Ronnie Lane était combattif et bon vivant, il ne se départissait jamais de sa légendaire bonne humeur. Et, comme le précise un de ses amis, Al Mitchell, qui l'aidait pour ses soins lors de sa maladie, "he possessed an infectious humour" (livret du CD Tin And Tambourine, Pilot-NMC, 1998)!

    En 1994, il s'établit à Trinidad, dans le Colorado, où le climat convenait mieux à l'évolution de sa maladie. Il y décéda d'une pneumonie, le 4 juin 1997. Je me souviens très bien. Je buvais une bière dans un bistrot des Pâquis lorsque j'appris la triste nouvelle en lisant le journal! Je commandai une autre bière en pensant à lui. One for the road! Cheers, Ronnie!

    Quelques années plus tard, ses amis et sa famille firent publier un CD contenant de nombreux enregistrements, live et en studio, de la partie américaine de sa carrière! Ce fut une très belle épitaphe!

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